Reportages

2012 aura été, à m'en pas douter, un millésime très compliqué pour le vigneron . Les efforts qu'il a dû consentir, au fil des mois, ont été plus importants que de coutume...

Petit point sur la météo du millésime.

Patience, ténacité et obstination furent trois des principales qualités qui aidèrent le viticulteur à faire face aux caprices de la météo. Jamais en 10 ans, un printemps n'aura été aussi froid (cas, en particulier, des mois d'avril et mai), mais aussi humide (précipitations d'avril trois fois supérieures à la moyenne).

De telles conditions climatiques entrouvrirent la porte aux maladies cryptogamiques en tout genre (année comparable, côté maladies au millésime 2000). Oïdium et mildiou apparurent et se firent sentir jusqu'à mi-juillet.

Mais aux Vignobles André Lurton, comme dans toute la région, l'optimisme est revenu à partir du 14 juillet, date à laquelle, une météo beaucoup plus clémente s'installa sur le Bordelais, permettant ainsi au raisin de poursuivre son développement dans d'excellentes conditions. Même si la sècheresse put paraître excessive dans certains secteurs (notamment sur les terroirs de graves). Le mois de septembre (avec des journées chaudes et des nuits fraîches) permit aux différents cépages d'atteindre une bonne maturité (particulièrement vrai pour les cépages rouges).

Des merlots au charme fou et des cabernets charmants, mais à apprivoiser...

Les vendanges rouges étant terminées depuis maintenant une quinzaine de jours, quel bilan pouvons-nous dresser pour les rouges et quelles sont les grandes tendances qui semblent se dessiner pour ce millésime 2012 en rouge ? Même s'il est encore un peu tôt pour se prononcer et que nous aurons une idée plus précise dans quelques mois...

De l'avis général, de Barbe Blanche à Pessac-Léognan, en passant par Château Bonnet, les merlots récoltés cette année présentaient un très bel état sanitaire. Généralement un peu plus tardifs, il a fallu attendre un peu les cabernets sauvignons et veiller à les ramasser dans les meilleures conditions possibles (jouant parfois avec une météo automnale facétieuse).

Toutes les équipes de nos différents vignobles n'ont pas ménagé, une fois encore, leur temps et leurs efforts pendant ces périodes de forte activité, pour mener à bien cette récolte 2012.

En Pessac-Léognan, les premières dégustations effectuées laissent entrevoir, notamment avec les merlots, des vins souples, de très belle qualité, avec des degrés assez élevés (résultante d'un stress hydrique durant la période estivale). Côté cabernets sauvignons, les résultats sont relativement hétérogènes. Quantitativement, pour cette même appellation, les rendements sont, pour ce millésime, plus faibles que les années passées : 37 à 38 hl/ha. (soit une baisse de 15 à 20 % de ces rendements par rapport à une année moyenne).

En Entre-deux-Mers, les sols argilo-calcaires ont permis de limiter les effets de la sècheresse et les rendements obtenus sont très proches, voire identiques, à ceux d'une année dite "normale". Pour cette région, la qualité est très homogène. Quelle sera, ici, la tendance du millésime 2012 ? On devrait vraisemblablement, obtenir des vins rouges très riches et colorés, avec beaucoup de fruit.

Sur Barbe Blanche, les conditions de vendange ont été très bonnes. Les rendements sont quasi-normaux. Le potentiel en polyphénols des cabernets francs (30 % de la surface de ce vignoble) se révèle très élevé cette année (quasi-identique à celui des merlots). Les vins s'annoncent équilibrés, très colorés, tanniques, avec beaucoup de fruit. Tous les efforts de l'année sont ici récompensés (le millésime 2012 à Barbe Blanche serait peut-être comparable à 2008).

Mais attendons, ici comme ailleurs, les premières semaines de vinification pour avoir une idée plus précise du millésime 2012...